Publié le 16 mai 2025

La véritable performance d’un catamaran ne se mesure pas à sa taille, mais au rendement de son « moteur à vent ».

  • Le recul du mât et la grand-voile à corne ont redéfini la source de puissance et l’équilibre général du bateau.
  • Les voiles de portant (Code 0, gennaker) et les cordages high-tech (Dyneema) agissent comme un turbo et une transmission de haute précision.

Recommandation : L’investissement le plus rentable est une approche systémique : optimiser la synergie entre chaque composant du gréement pour une amélioration globale de la performance et de la facilité d’utilisation.

Pour de nombreux propriétaires, le gréement d’un catamaran se résume à un mât et des voiles. On pense à changer une voile usée, à vérifier un câble, mais rarement à l’ensemble comme à un véritable moteur. C’est pourtant la plus grande erreur d’appréciation. Les discussions tournent souvent autour de platitudes comme « réduire le poids » ou « bien régler ses voiles ». Si ces conseils sont justes, ils masquent l’essentiel : la révolution silencieuse qui a transformé les gréements modernes en systèmes de propulsion sophistiqués, où chaque élément est un rouage essentiel de la performance.

Mais si la clé n’était pas seulement d’avoir de bonnes voiles, mais de comprendre comment l’ensemble de la « chaîne de transmission » — du mât aux cordages — convertit la moindre risée en vitesse pure ? C’est cette perspective de « préparateur » que nous allons adopter. Oubliez l’idée d’un gréement passif. Pensez-y comme à un moteur dont vous pouvez optimiser le rendement, le couple et la consommation. Chaque composant a été repensé pour une synergie parfaite, transformant des catamarans de croisière en machines capables de performances autrefois réservées à la course.

Cet article va décortiquer pour vous ce moteur à vent. Nous analyserons comment l’architecture a évolué, comment la puissance est générée et transmise, et quelles technologies permettent de la maîtriser sans effort. L’objectif est simple : vous donner les clés pour identifier les points d’amélioration sur votre propre bateau et faire les investissements qui apporteront un réel gain de performance et de plaisir sur l’eau.

Pour ceux qui préfèrent un format condensé, la vidéo suivante résume l’essentiel des points abordés dans notre guide. Une présentation complète pour aller droit au but et visualiser les concepts clés en action.

Pour vous guider à travers les différents composants de ce moteur à vent, nous avons structuré cet article en plusieurs étapes logiques. Chaque section se concentre sur un aspect crucial du gréement moderne, de sa conception architecturale à l’optimisation de ses performances.

Pourquoi reculer le mât a tout changé dans l’architecture des catamarans modernes

L’innovation la plus structurante de la dernière décennie ne se voit pas toujours au premier coup d’œil, mais elle est à la base de la performance des catamarans modernes : le recul du mât. Cette décision, inspirée des voiliers de course, n’est pas un simple ajustement. C’est un changement de paradigme qui a permis de repenser entièrement l’équilibre, le plan de voilure et même l’ergonomie du bateau. En déplaçant le centre de poussée vélique vers l’arrière, les architectes ont réussi à créer des bateaux plus stables et plus marins.

Le bénéfice principal est une réduction significative du tangage. Avec un mât plus reculé, le bateau enfourne moins dans la vague, conservant ainsi sa vitesse et améliorant le confort de l’équipage. Cette meilleure pénétration dans l’eau se traduit par un gain de puissance de 5 à 10%, car moins d’énergie est dissipée à combattre la mer. De plus, cela permet d’installer un foc autovireur, une voile d’avant plus petite et plus facile à gérer, qui simplifie radicalement les virements de bord en équipage réduit ou en solitaire.

Cette réorganisation du plan de voilure a également des effets bénéfiques sur la structure elle-même. Comme le souligne le cabinet d’architecture VPLP, pionnier en la matière, ce choix de conception a un impact direct sur la légèreté et la maniabilité.

Reculer le mât permet de diminuer la compression sur le pied de mât et d’alléger le gréement, ce qui améliore la maniabilité et le confort de navigation.

– Cabinet d’architecture VPLP, Bateaux.com – Article sur le Lagoon 42

L’exemple du Lagoon 42 est parlant : le recul du mât libère l’espace du carré et offre une vue dégagée vers l’avant, tout en concentrant les manœuvres autour du poste de barre. La performance n’est donc pas qu’une question de vitesse, mais aussi d’intelligence de conception. C’est le premier rouage de notre moteur, celui qui définit l’équilibre de l’ensemble du système.

La puissance est en haut : les secrets de la grand-voile à corne

Avec un mât reculé, la grand-voile (GV) devient plus que jamais la source principale de puissance. Pour exploiter ce potentiel, la grand-voile à corne (ou « square top ») s’est imposée comme la norme sur les catamarans performants. Sa forme caractéristique, avec une tête élargie, n’est pas un simple effet de style. Elle permet d’aller chercher un vent plus fort et plus stable en altitude, loin des perturbations créées par les vagues et la coque. Cette surface supplémentaire dans les hauts est un véritable atout, particulièrement dans le petit temps, où elle offre un gain de puissance significatif.

Le secret de son efficacité réside dans sa capacité à avoir un vrillage homogène. La corne, en s’ouvrant dans les surventes, agit comme une soupape de sécurité : elle libère l’excès de puissance en haut de la voile tout en conservant une bonne tension en bas. Cela évite au bateau de gîter excessivement et le rend à la fois plus sûr et plus rapide. Comme l’explique un expert de Delta Voiles La Rochelle, cette conception est un double avantage.

La grand-voile à corne capte des vents plus stables en hauteur et permet un vrillage homogène qui optimise la puissance tout en assurant une sécurité accrue en cas de surventes.

– Delta Voiles La Rochelle, Article spécialisé sur la grand-voile à corne

Cependant, tirer le meilleur parti d’une telle voile demande un peu de savoir-faire. Il ne suffit pas de la hisser ; il faut comprendre comment ses réglages influencent le comportement du bateau. Maîtriser le cunningham, le nerf de chute et la tension des lattes est essentiel pour adapter son profil aux conditions de vent et de mer. Une voile bien réglée est une voile qui vit et qui respire avec le vent.

Pour exploiter pleinement le potentiel de cette pièce maîtresse de votre moteur, une attention particulière à certains points de contrôle est nécessaire. Ils vous permettront d’optimiser le rendement tout en assurant la longévité de votre équipement.

Plan d’action : Exploiter votre grand-voile à corne

  1. Profil de la voile : Apprenez à utiliser les lattes et les ris pour ajuster la cambrure en fonction de la force du vent.
  2. Gestion du vrillage : Maîtrisez l’utilisation du nerf de chute pour ouvrir ou fermer la partie haute de la voile et réguler la puissance.
  3. Protection du matériel : Installez des protections anti-ragage aux points de contact avec les haubans et les bastaques pour éviter une usure prématurée.
  4. Compréhension de la sécurité : Visualisez la corne comme une « soupape » qui s’ouvre dans les rafales, et anticipez ce comportement dans vos réglages.
  5. Synergie du gréement : Assurez-vous que votre gréement (bastaques, pataras) est correctement dimensionné et réglé pour supporter la charge accrue.

Le turbo de votre catamaran : le guide ultime du Code 0 et du gennaker

Un moteur performant doit exceller dans toutes les conditions, y compris dans le petit temps. C’est là qu’interviennent les voiles de portant légères comme le Code 0 et le gennaker. Considérez-les comme le turbo de votre gréement : elles s’activent lorsque le moteur principal a besoin d’un coup de pouce pour s’exprimer pleinement. Sur un catamaran, dont le poids relatif est un handicap par vent faible, ces voiles sont souvent ce qui fait la différence entre avancer à une vitesse agréable et subir la frustration de la pétole.

Le Code 0 est une voile de près par vent léger, à mi-chemin entre un génois et un spinnaker asymétrique. Monté sur un emmagasineur, il est incroyablement facile à déployer et à enrouler, même en solo. Son rôle est de combler le trou de performance aux allures de « reaching » (entre le près serré et le travers), là où le foc autovireur, plus petit, montre ses limites. L’impact sur la vitesse est immédiat : on peut espérer un gain de 3 à 4 nœuds de vitesse supplémentaire dans des conditions de vent léger à modéré. C’est la voile qui transforme une navigation lente en une glissade silencieuse et agréable.

Le Code Zero est une voile transitoire entre le génois et le spinnaker asymétrique, idéale pour ajouter de la vitesse sous vent léger à modéré.

– Joe Fox, expert TMG Yachts

Le gennaker, quant à lui, est une voile plus creuse, conçue pour les allures plus portantes (du grand largue au vent arrière). Il offre une surface encore plus grande pour capter le vent par l’arrière et permet de maintenir des vitesses élevées même lorsque le vent apparent diminue. Savoir quand passer du Code 0 au gennaker est un art qui dépend de l’angle du vent et de la force de celui-ci. Maîtriser ce duo, c’est s’assurer de toujours avoir la bonne « vitesse » engagée sur son moteur à vent, quel que soit le cap.

Plus solides que l’acier et plus légers que l’eau : la révolution des cordages modernes

Si les voiles sont le cœur du moteur, les cordages en sont le système de transmission. Avoir une voile puissante ne sert à rien si les drisses et les écoutes s’étirent, car cela déforme le profil de la voile et dissipe une partie précieuse de l’énergie. La révolution dans ce domaine porte un nom : le Dyneema®. Cette fibre polyéthylène à haut module a complètement changé la donne en offrant une résistance supérieure à celle de l’acier pour un poids incroyablement faible. Un cordage en Dyneema ne s’étire quasiment pas, garantissant que la forme que vous donnez à votre voile reste stable, même dans les rafales.

Le gain de poids est l’un des avantages les plus spectaculaires. Remplacer des drisses et écoutes traditionnelles en polyester par du Dyneema peut entraîner jusqu’à 50% de poids en moins dans les hauts. Sur un catamaran, où la réduction du poids dans le gréement est cruciale pour limiter le tangage et améliorer la stabilité, cet allègement est un bénéfice direct et mesurable. Moins de poids en haut signifie un bateau plus réactif, plus rapide et plus confortable. C’est l’un des investissements les plus rentables pour améliorer le rendement global de son « moteur ».

Cordage Dyneema extrêmement résistant et léger sur un catamaran en navigation, illustrant la légèreté et la solidité du matériau

Au-delà de la performance pure, ces cordages modernes améliorent aussi la sécurité et la facilité d’utilisation. Leur légèreté rend les manœuvres moins physiques, et leur surface lisse glisse mieux dans les poulies et les bloqueurs, réduisant la friction parasite. Un utilisateur du cordage Drymax Racing confirme ces qualités sur le long terme :

Le cordage est très léger, souple et facile à épissurer, conservant une excellente tenue dans le temps, même sous fortes contraintes en mer.

– Avis utilisateur, Inorope

Cependant, ces matériaux de haute technologie demandent un entretien rigoureux. Il est essentiel de les inspecter régulièrement, de les rincer à l’eau douce pour enlever le sel qui cristallise et abîme les fibres, et de les protéger des rayons UV. Une transmission bien entretenue est une transmission qui dure et qui continue de délivrer toute la puissance du moteur, sans perte.

Mât rotatif, winchs électriques : ces options qui changent vraiment la navigation

Pousser l’optimisation du moteur à vent à son paroxysme implique de s’intéresser à des composants qui, autrefois réservés aux prototypes de course, se démocratisent sur les catamarans de croisière. Le mât rotatif et les winchs électriques ne sont pas des gadgets, mais des outils de gestion de la puissance qui transforment radicalement l’expérience de navigation et le rendement du gréement.

Le mât rotatif, ou mât-aile, est une avancée aérodynamique majeure. Contrairement à un mât fixe, il peut pivoter pour s’orienter parfaitement dans le vent, créant un profil d’aile continu avec la grand-voile. Cela élimine la « zone morte » turbulente créée par un mât fixe au vent de la voile. Le résultat est un écoulement de l’air beaucoup plus propre, dit « laminaire », qui augmente considérablement la portance de la voile. Aux allures de près, un mât rotatif bien réglé peut générer jusqu’à 15% de puissance supplémentaire. C’est une optimisation qui agit directement sur l’efficacité fondamentale du moteur, en améliorant la façon dont il capture l’énergie du vent.

De leur côté, les winchs électriques répondent à une autre problématique : la gestion de cette puissance. Avec des voiles plus grandes et plus performantes, l’effort physique nécessaire pour border une écoute ou hisser une drisse augmente. Les winchs électriques suppriment cette contrainte. Ils ne rendent pas seulement la navigation plus confortable ; ils la rendent plus performante. En permettant des réglages fins et fréquents sans fatigue, ils incitent l’équipage à ajuster les voiles en permanence pour maintenir un profil optimal. Sur de longues navigations ou en équipage réduit, cette capacité à régler sans effort est un avantage décisif. Un équipage qui n’est pas fatigué est un équipage qui garde le bateau à son plein potentiel plus longtemps.

Ensemble, ces deux technologies créent une synergie parfaite. Le mât rotatif augmente le potentiel de puissance du gréement, et les winchs électriques donnent les moyens de l’exploiter pleinement et facilement. C’est la fusion de l’aérodynamisme de pointe et de l’ergonomie intelligente.

La fin de l’effort : comment les nouvelles technologies de voiles rendent le catamaran plus facile et plus rapide

L’une des plus grandes réussites du gréement moderne est d’avoir réussi à concilier deux objectifs à première vue opposés : augmenter la performance et réduire l’effort physique. La vision du marin épuisé par des manœuvres harassantes appartient de plus en plus au passé. Aujourd’hui, la technologie permet de piloter un catamaran de 45 pieds avec la même facilité qu’un dériveur, ou presque. Cette démocratisation de la performance passe par des innovations qui simplifient chaque aspect de la gestion des voiles.

Le foc autovireur en est l’exemple le plus emblématique. Placé sur un rail devant le mât, il change de côté tout seul lors des virements de bord. L’équipier n’a plus besoin de choquer une écoute et d’en border une autre en urgence. Le barreur peut virer de bord d’un simple coup de roue, rendant la navigation au près incroyablement simple, même en solitaire. Ce qui était autrefois une manœuvre demandant coordination et effort devient une formalité. Couplé aux winchs électriques, qui permettent de régler la tension de l’écoute depuis le poste de barre, le système offre un contrôle total avec une facilité déconcertante.

Les matériaux des voiles eux-mêmes contribuent à cet objectif. Les voiles à membrane composite, comme celles issues de la technologie 3Di, sont non seulement plus performantes et plus légères, mais elles conservent aussi leur forme bien plus longtemps. Une voile qui ne se déforme pas est une voile qui demande moins de réglages constants. Le skipper peut ainsi se concentrer sur sa trajectoire et sa stratégie plutôt que de passer son temps à ajuster des tensions. De même, les emmagasineurs pour les voiles de portant (Code 0, gennaker) ont révolutionné leur utilisation. Fini, le sac à voile lourd et encombrant à traîner sur le pont. Une simple drisse permet de dérouler ou d’enrouler la voile en quelques secondes, depuis la sécurité du cockpit.

Cette synergie entre l’accastillage intelligent, les matériaux innovants et une conception de pont ergonomique crée un cercle vertueux : un bateau plus facile à manœuvrer est un bateau que l’on utilise plus souvent à son plein potentiel. La performance ne naît plus de la force, mais de la finesse et de l’intelligence du système.

Améliorer son ratio : deux stratégies pour booster les performances de votre catamaran

Avoir le moteur le plus puissant ne sert à rien si la « carrosserie » est trop lourde. En nautisme, la performance est toujours une histoire de ratio. Les deux leviers sur lesquels un préparateur peut jouer sont simples : augmenter la puissance (la surface de voilure) ou diminuer le poids (le déplacement). Nous avons largement exploré le premier levier. Concentrons-nous maintenant sur le second, qui est souvent le plus accessible pour un propriétaire cherchant à optimiser son bateau existant.

Chaque kilogramme superflu à bord est un ennemi de la performance. Il augmente le déplacement, ce qui signifie plus de surface mouillée, donc plus de friction et moins de vitesse. De plus, le poids supplémentaire augmente l’inertie, rendant le bateau moins réactif et plus sujet au tangage. La chasse au poids n’est pas une obsession réservée aux régatiers ; c’est une discipline qui paie à chaque mille parcouru. Il ne s’agit pas de sacrifier le confort, mais de faire des choix intelligents et de se débarrasser du superflu qui s’accumule au fil des saisons.

La première stratégie est donc de mener un audit rigoureux de tout ce qui est à bord. Cela va de l’avitaillement (transporter des centaines de litres d’eau quand on peut en produire avec un dessalinisateur est un non-sens) aux équipements personnels. La deuxième stratégie consiste à investir dans des équipements plus légers lorsque vient le moment de les remplacer. Une annexe en matériaux composites, des batteries au lithium plutôt qu’au plomb, ou même un choix judicieux de vaisselle peuvent, mis bout à bout, représenter une économie de plusieurs centaines de kilos. Un ratio optimal se situe souvent entre 7 et 8 m²/tonne pour un catamaran de croisière rapide, un équilibre subtil entre performance et confort.

Pour vous aider à identifier les sources de gain les plus efficaces, voici une liste d’actions concrètes à envisager pour alléger votre catamaran et ainsi améliorer son rendement.

Plan d’action : Votre checklist pour la réduction du poids

  1. Batteries : Envisagez de remplacer les batteries au plomb par des modèles au lithium, qui offrent un gain de poids d’environ 70% à capacité égale.
  2. Annexe et moteur : Optez pour une annexe légère en Hypalon ou en aluminium et un petit moteur hors-bord, au lieu de modèles lourds et surpuissants.
  3. Avitaillement et réserves : Optimisez les quantités d’eau, de carburant et de nourriture embarquées en fonction de la durée réelle de l’étape, sans compromettre la sécurité.
  4. Équipements multiples : Privilégiez les outils et appareils multifonctions pour éviter les doublons et réduire le nombre d’objets à bord.
  5. Débarquement du superflu : Faites un inventaire complet une fois par an et débarquez tout ce qui n’a pas été utilisé (vieux livres, pièces de rechange inutiles, matériel de sports nautiques non pratiqués).

À retenir

  • Le gréement moderne d’un catamaran est un système de propulsion intégré où chaque composant (mât, voiles, cordages) est optimisé pour le rendement.
  • Des innovations comme le mât reculé et la grand-voile à corne ont permis d’augmenter la puissance tout en améliorant la stabilité et la sécurité.
  • La performance ne se résume pas à la surface de voile, mais au ratio poids/voilure, qui doit être optimisé en allégeant le bateau de tout poids superflu.

Le ratio poids/voilure, votre juge de paix pour choisir un catamaran performant

En fin de compte, toute discussion sur la performance d’un catamaran se résume à un chiffre clé : le ratio surface de voilure / poids. Exprimé en mètres carrés par tonne (m²/t), cet indicateur est le juge de paix qui permet de comparer objectivement le potentiel de vitesse de différents bateaux. Il représente la quantité de « moteur » (la voilure) disponible pour propulser chaque tonne du bateau. Un ratio élevé suggère un bateau vif et puissant, capable de démarrer vite dans les risées, tandis qu’un ratio plus faible indique un bateau plus sage, misant davantage sur le confort et la capacité de charge.

Il est crucial de comprendre que ce ratio n’est pas une valeur absolue. Comme le soulignent les architectes de VPLP, il doit être interprété en fonction du programme de navigation. Un catamaran destiné à la course visera un ratio supérieur à 10 ou 12, au détriment du confort. Pour un catamaran de croisière, un bon équilibre se situe généralement entre 7 et 9 m²/t. En dessous de 7, le bateau risque d’être sous-toilé et peu agréable dans le petit temps. Au-dessus de 9, il peut devenir trop sportif et exigeant pour un programme familial.

L’analyse comparative est le meilleur outil pour un propriétaire cherchant à évaluer son bateau ou à en choisir un nouveau. Le tableau ci-dessous, basé sur une analyse comparative de modèles populaires de 42 pieds, illustre bien comment ce ratio varie et ce qu’il dit du caractère de chaque catamaran.

Comparaison des ratios poids/voilure de 5 catamarans de 42 pieds
Modèle Longueur (m) Déplacement léger (tonnes) Surface voile au près (m²) Ratio voile/tonne (m²/tonne) Programme
Lagoon 42 12.8 12.1 90 7.45 Croisière confortable
Bali 4.2 12.7 11.9 85 7.14 Croisière rapide
Fountaine Pajot Astréa 42 12.8 12.3 88 7.15 Performance-croisière
Excess 12 12.2 10.5 95 9.05 Performance pure
Leopard 42 12.7 12.8 92 7.19 Croisière familiale

On voit clairement que l’Excess 12, avec son ratio de 9.05, est conçu pour la performance, tandis que les autres modèles se situent dans une plage très cohérente pour la croisière rapide et confortable. Ce ratio est donc votre meilleur guide pour comprendre l’ADN d’un catamaran et pour savoir où investir afin d’améliorer le vôtre : soit en augmentant la « puissance » de votre moteur à vent, soit en allégeant sa charge.

Évaluez dès maintenant les composants de votre gréement et identifiez les optimisations qui transformeront votre catamaran en une machine performante et plaisante à naviguer.

Questions fréquentes sur Le moteur à vent : comment un gréement moderne transforme votre catamaran en bête de performance

Qu’est-ce que le ratio poids/voilure ?

Le ratio poids/voilure est le rapport entre la surface totale des voiles et le poids du bateau, influençant directement la performance et la maniabilité.

Pourquoi ce ratio est-il important pour un catamaran ?

Il détermine la capacité du catamaran à exploiter efficacement le vent dans différentes conditions, impactant vitesse et stabilité.

Comment optimiser ce ratio ?

En allégeant le bateau et en choisissant un jeu de voiles adapté à son programme de navigation.

Rédigé par Antoine Renaud, Antoine Renaud est architecte naval, diplômé des plus grandes écoles françaises et passionné par l'hydrodynamisme des multicoques. Depuis 12 ans, il conçoit des catamarans alliant performance et innovation.