Publié le 11 mai 2024

Contrairement à l’idée reçue, la dérive latérale n’est pas un ennemi à éliminer à tout prix, mais une force physique à comprendre et à rediriger. La performance au près ne vient pas de sa suppression totale, impossible par nature, mais de la maîtrise de l’équilibre entre la poussée vélique et la portance hydrodynamique du plan anti-dérive. Cet article décompose les forces en jeu pour vous permettre de manipuler activement ce phénomène plutôt que de simplement le subir.

Tout navigateur a fait cette expérience : viser un point à l’horizon, tenir un cap parfait au compas, et pourtant constater que le bateau glisse inexorablement de côté, trahissant une route bien différente. Cette translation latérale, cette bataille invisible contre les éléments, porte un nom : la dérive. Face à elle, le réflexe commun est de chercher à la contrer brutalement, en pensant qu’il s’agit d’un simple défaut à corriger. On parle d’abaisser la dérive, d’augmenter la surface de quille, bref, de créer une barrière physique.

Cependant, cette approche simpliste ignore la nature même du mouvement d’un voilier. La dérive n’est pas une anomalie ; elle est la résultante physique inévitable de la poussée du vent sur les voiles. Vouloir la supprimer serait comme vouloir avancer sans aucune résistance. Et si la véritable clé n’était pas de la combattre, mais de la comprendre pour la maîtriser ? Si, au lieu de la voir comme un frein, on l’analysait comme la signature d’un équilibre de forces complexes entre le vent, les voiles, la coque et les appendices ?

En adoptant le regard d’un physicien, nous allons décomposer ce phénomène. Nous analyserons le vecteur de poussée vélique, la force de portance hydrodynamique générée par le plan anti-dérive, et comment chaque élément, du barreur à la forme de la carène, devient un levier pour optimiser cet équilibre. L’objectif n’est plus d’annuler la dérive, mais de la minimiser intelligemment pour maximiser la vitesse de remontée au vent (VMG), transformant une contrainte subie en un paramètre de performance finement ajusté.

Cet article vous guidera à travers les principes fondamentaux de la dérive, les outils pour la quantifier, et les techniques avancées pour la réduire, que vous soyez sur un monocoque réactif ou un catamaran de croisière. Préparez-vous à changer votre perception de la navigation au près.

La différence entre le cap et la route : comprendre l’angle de dérive, ce mal nécessaire

Fondamentalement, la dérive est la manifestation d’une loi physique simple : un voilier ne se déplace jamais exactement dans la direction vers laquelle sa proue est pointée. Il subit une translation latérale due à la composante transversale de la poussée vélique. L’angle formé entre l’axe longitudinal du bateau (le cap) et la trajectoire réelle sur le fond (la route) est l’angle de dérive. C’est un compromis permanent. Sans dérive, il n’y aurait pas de flux d’eau sur les appendices, donc pas de portance hydrodynamique pour contrer la poussée du vent. La dérive est donc un « mal nécessaire ».

La relation entre vitesse et dérive est cruciale. Comme le confirme une analyse hydrodynamique simple, un bateau à l’arrêt, soumis à un vent de travers, a une dérive de 100% : il ne fait que glisser latéralement. Plus il prend de la vitesse, plus l’écoulement sur la quille ou la dérive devient efficace, générant de la portance et réduisant ainsi l’angle de dérive. La performance au près consiste donc à trouver le meilleur rapport entre la vitesse générée par les voiles et la portance générée par le plan anti-dérive.

Même sans instruments sophistiqués, un navigateur peut visualiser cette force. Le sillage du bateau est le témoin le plus direct : il ne part pas de l’arrière du tableau arrière, mais légèrement sous le vent. L’angle entre l’axe du bateau et la direction de ce sillage donne une excellente estimation de l’angle de dérive. Apprendre à « lire » cet angle à l’œil nu est la première compétence d’un bon régatier. Pour le quantifier précisément, une approche plus méthodique est nécessaire.

Votre plan d’action : auditer votre dérive en 5 étapes

  1. Observation du contact : Évaluez visuellement l’angle formé entre l’axe de votre bateau et la direction de son sillage pour une première estimation.
  2. Collecte des données : Comparez activement votre cap compas (HDG) avec votre route sur le fond (COG) affichée sur votre GPS. La différence est votre dérive totale (courant inclus).
  3. Contrôle de cohérence : Visez un amer fixe situé exactement dans votre axe. Après quelques minutes de navigation, observez le décalage latéral de votre route par rapport à cet amer.
  4. Analyse de la manœuvre : Entraînez-vous à la technique du « déplacement en crabe » en visant légèrement au vent de votre destination pour compenser intuitivement la dérive attendue.
  5. Plan d’intégration : Programmez une page dédiée sur votre écran de navigation affichant simultanément HDG, COG et l’angle de dérive calculé pour un retour d’information en temps réel.

Comprendre que la dérive est une composante inhérente à la propulsion vélique est la première étape pour cesser de la subir et commencer à la piloter.

Votre électronique can voir la dérive : comment utiliser vos instruments pour la mesurer

Si l’œil du marin est le premier instrument, l’électronique de bord moderne transforme la perception de la dérive en une donnée quantifiable et exploitable en temps réel. L’outil le plus fondamental est la comparaison entre deux informations clés : le cap compas (HDG), qui indique où pointe la proue, et la route sur le fond (COG), donnée par le GPS, qui trace la trajectoire réelle du bateau. La différence angulaire entre ces deux valeurs est une mesure directe et précise de votre dérive totale (qui inclut l’effet du courant).

Les centrales de navigation modernes vont plus loin en isolant la dérive due au vent de celle due au courant, fournissant un « angle de dérive » pur (Leeway angle). Cette donnée est cruciale pour le réglage fin. Un angle de dérive de 4 à 6 degrés est souvent considéré comme normal pour un monocoque de croisière au près. S’il grimpe à 8 ou 10 degrés, c’est le signe d’un problème de réglage, d’une vitesse insuffisante ou d’une gîte excessive.

Instruments de navigation montrant les données de dérive sur un voilier au près

L’écran ci-dessus, bien que stylisé, représente l’interface que les navigateurs utilisent pour visualiser ces forces. Voir la différence entre le cap et la route affichée numériquement permet de valider instantanément l’efficacité d’un réglage de voile ou d’un changement d’assiette.

Étude de cas : Configuration optimale des instruments pour le près

Les navigateurs de haut niveau configurent souvent une page d’affichage spécifique sur leurs instruments (comme les systèmes B&G ou NKE) dédiée à la performance au près. Cette page affiche simultanément le HDG, le COG, l’angle de dérive calculé, la vitesse surface et le TWA (True Wind Angle). La surveillance constante de la différence HDG-COG permet au barreur et aux régleurs de voir immédiatement l’impact d’un réglage de chariot de grand-voile ou d’une modification de la tension du pataras sur la dérive. L’objectif est de trouver le réglage qui minimise l’angle de dérive pour une vitesse donnée, maximisant ainsi le VMG.

Finalement, l’électronique ne remplace pas le talent du barreur, mais elle lui donne les yeux pour voir l’invisible et transformer des sensations en décisions basées sur des faits.

Les secrets du barreur pour réduire la dérive : plus de finesse, moins de gîte

Le barreur est le régulateur final de l’équilibre des forces. Au-delà des réglages de voiles, son action sur la barre à roue ou la barre franche a un impact direct sur la portance du plan anti-dérive et donc sur la dérive. Une erreur commune est de sur-barrer. Un angle de safran trop important pour contrer l’envie du bateau de lofer crée une traînée hydrodynamique considérable, qui freine le bateau, diminue l’efficacité de la quille et, paradoxalement, augmente la dérive.

La clé est la finesse. Un bon barreur maintient un angle de barre minimal, idéalement entre 2 et 3 degrés au vent. Il anticipe les rafales non pas en luttant contre la barre, mais en communiquant avec les régleurs pour choquer légèrement avant l’impact, ou en abattant de quelques degrés pour transformer la surpression en accélération plutôt qu’en gîte. La gîte est un facteur essentiel : un bateau trop gîté voit la surface de son plan anti-dérive se réduire, perdant ainsi en efficacité. Contrôler la gîte, c’est directement contrôler la capacité du bateau à résister à la dérive.

Une technique avancée consiste à « jouer » avec les vagues. Un barreur expérimenté accompagnera le mouvement de l’eau : un très léger lof dans la montée de la vague pour conserver l’erre, suivi d’une petite abattée dans la descente pour relancer. Ces micro-mouvements maintiennent un flux d’eau constant et laminaire sur les appendices, maximisant leur portance. Cette symbiose entre le barreur et les éléments est ce qui distingue un pilotage moyen d’un pilotage performant.

Au près dans le gros temps (>25 nœuds), il est intéressant de relever légèrement la dérive pour rendre le bateau plus facile à conduire

– Passion Voile, TOP 7 des astuces simples en dériveur

En somme, le meilleur moyen de réduire la dérive à la barre n’est pas la force, mais l’anticipation, la communication et une compréhension profonde de la relation entre vitesse, gîte et efficacité des appendices.

Quand la coque elle-même combat la dérive : le secret des carènes asymétriques

On pense souvent que seuls les appendices (quille, dérive) luttent contre la dérive. C’est une vision incomplète. La forme immergée de la coque, la carène, joue un rôle hydrodynamique majeur, surtout lorsque le bateau gîte. Sur les voiliers modernes, et en particulier les monocoques de course comme les IMOCA, la coque est conçue pour devenir elle-même un plan porteur asymétrique une fois inclinée.

Le principe est ingénieux. Une coque à bouchains vifs, plate sur ses flancs, présente une forme immergée qui change radicalement avec la gîte. Le côté au vent se soulève tandis que le côté sous le vent s’enfonce, créant un profil asymétrique dans l’eau. Ce profil, se déplaçant avec un angle d’incidence (l’angle de dérive), se comporte exactement comme une aile d’avion ou une dérive : il génère une force de portance latérale qui s’oppose à la poussée du vent. La coque ne subit plus passivement la dérive, elle participe activement à la contrer.

Cette « portance de carène » est si efficace que les architectes navals peuvent concevoir des quilles ou des dérives plus fines ou moins profondes, réduisant ainsi la traînée hydrodynamique globale sans sacrifier la capacité du bateau à remonter au vent. C’est un gain sur tous les tableaux. Des calculs hydrodynamiques montrent que sur certains profils, jusqu’à 36% de la force latérale générée par la voile est compensée directement par cet effet de carène.

Étude de cas : L’évolution des carènes IMOCA pour optimiser la portance

Les voiliers de la classe IMOCA sont l’exemple parfait de cette philosophie. Leurs carènes larges et plates avec des bouchains très marqués sont dessinées pour maximiser la puissance et la stabilité. Une fois gîtées, elles créent une surface immergée asymétrique considérable qui génère une portance latérale très importante. Cette conception permet d’utiliser des quilles pendulaires avec un voile (la partie verticale) plus fin et donc moins de traînée, tout en conservant une excellente raideur et une capacité anti-dérive de premier ordre. La coque devient une partie intégrante du système anti-dérive, et non plus un simple flotteur.

La conception de la coque n’est donc pas qu’une question de volume ou de stabilité ; c’est une composante stratégique dans la gestion des forces hydrodynamiques au près.

Pourquoi la dérive est l’ennemi juré du catamaran au près

Si la dérive est une contrainte pour un monocoque, elle devient l’ennemi principal pour un catamaran cherchant à performer au près. La raison est structurelle. Un monocoque s’appuie sur une quille lestée profonde qui offre un plan anti-dérive conséquent et un couple de redressement important. À l’inverse, un catamaran de croisière standard tire sa stabilité de sa largeur et possède deux coques à faible tirant d’eau, équipées de simples ailerons fixes. Ces ailerons offrent une surface anti-dérive bien plus faible que la quille d’un monocoque.

En conséquence, pour une même force de vent, un catamaran a une tendance naturelle à dériver beaucoup plus. De plus, il ne gîte pas (ou très peu). Il ne peut donc pas bénéficier de la « portance de carène » que développe un monocoque en s’inclinant. Le multicoque est privé de deux des armes principales contre la dérive. Cette caractéristique explique la réputation, souvent justifiée sur les modèles d’entrée de gamme, des catamarans qui « refusent de remonter au vent » et affichent des angles de dérive dépassant parfois les 10-12 degrés.

Pour un catamaran, la seule façon de créer un plan anti-dérive efficace est de générer de la vitesse. C’est seulement lorsque les coques glissent rapidement sur l’eau que les petits ailerons peuvent commencer à créer une portance hydrodynamique suffisante. Cela crée un cercle vicieux par petit temps : pas assez de vent pour créer de la vitesse, donc pas de vitesse pour créer un plan anti-dérive efficace, ce qui résulte en une dérive massive.

Étude de cas : Performances comparées catamaran vs monocoque au près

Pour améliorer leur potentiel au près, les multicoques modernes se tournent vers des solutions technologiques. Des voiles à faible déformation (comme les voiles à membrane) permettent de conserver un profil plat et puissant, essentiel pour bien caper. Surtout, l’ajout de dérives sabres ou asymétriques transforme radicalement le comportement du bateau. Ces appendices mobiles, bien plus efficaces que de simples ailerons, permettent aux catamarans de performance de rivaliser, voire de surpasser, les monocoques au près, particulièrement dans les petits airs et la forte brise où leur puissance peut s’exprimer pleinement.

La bataille contre la dérive en catamaran n’est donc pas perdue d’avance, mais elle exige une conception plus pointue et des appendices bien plus performants que sur les modèles de croisière traditionnels.

Comment une simple planche permet à un bateau de remonter au vent : l’effet foil expliqué

Le secret qui permet à un voilier de transformer une force latérale (le vent) en un mouvement vers l’avant (la route) réside dans un principe physique fondamental : l’effet de portance, similaire à celui qui fait voler un avion. La quille ou la dérive n’est pas une simple « planche » qui s’oppose passivement au glissement ; c’est un profil hydrodynamique, un foil, conçu pour générer une force précise.

Lorsque le bateau dérive légèrement, l’eau s’écoule sur ce profil avec un petit angle d’incidence. La forme bombée (l’extrados) et la forme plus plate (l’intrados) du profil obligent l’eau à parcourir des chemins de longueurs différentes. Selon le principe de Bernoulli, le fluide qui parcourt le chemin le plus long (côté extrados) doit accélérer, ce qui crée une zone de basse pression. À l’inverse, le côté intrados connaît une surpression. Cette différence de pression entre les deux faces de la dérive génère une force de portance, orientée perpendiculairement au flux d’eau, c’est-à-dire au vent du bateau.

Cette force de portance hydrodynamique s’oppose directement à la composante latérale de la poussée vélique. La résultante de ces deux forces opposées, combinée à la composante longitudinale de la poussée vélique, est ce qui propulse le bateau vers l’avant et au vent. La performance des profils, souvent basés sur des standards comme les profils NACA, est étudiée pour maximiser cette portance tout en minimisant la traînée. Une analyse des coefficients aérodynamiques montre par exemple qu’un profil comme le NACA 0012 génère 15% de poussée vélique supplémentaire au près qu’au vent arrière.

Le choix du profil de dérive est un compromis crucial en architecture navale, comme l’illustre le tableau suivant.

Comparaison des profils de dérive
Profil Portance max Angle décrochage Traînée
NACA 0012 Standard 15° Faible
NACA 0015 +10% 18° Moyenne
Laminaire +5% 12° Très faible

Ainsi, la dérive n’est pas qu’un glissement : c’est l’angle d’attaque qui active la « magie » hydrodynamique permettant de remonter au vent.

Piloter un catamaran vs un monocoque : deux écoles, deux plaisirs

La gestion de la dérive illustre parfaitement les deux philosophies de navigation qui opposent monocoques et catamarans. Piloter l’un et l’autre au près sont deux expériences radicalement différentes, dictées par leur physique propre. Le monocoque est un bateau de « sensation », qui communique énormément avec son barreur. Sa principale arme contre la dérive est sa quille lestée, qui agit comme un pendule restaurant la stabilité. La gîte n’est pas un défaut, c’est un indicateur. Elle informe le barreur de la pression dans les voiles et sert d’amortisseur naturel dans les rafales. Le pilote d’un monocoque « sent » le bateau et utilise la gîte pour réguler sa puissance.

Le catamaran, lui, est un bateau de « précision » et de puissance. Sa stabilité provient de sa largeur, pas de son poids. Il ne gîte quasiment pas. Dans une survente, là où le monocoque s’inclinerait, le catamaran accélère brutalement ou, si la pression est trop forte, risque de lever une coque. Le réflexe est donc opposé : il faut choquer immédiatement en survente pour évacuer la puissance. Le catamaran ne pardonne pas l’approximation. Sa faible surface anti-dérive initiale doit être compensée par la vitesse. Il faut donc constamment chercher à créer de la vitesse pour que les appendices deviennent efficaces. C’est une navigation plus visuelle, basée sur les instruments et l’anticipation.

Cette différence de comportement a des conséquences directes en termes de sécurité. Alors que le chavirage d’un monocoque habitable est un événement rarissime, il est une préoccupation plus présente sur les multicoques, surtout les plus légers et performants. Les statistiques de la FFVoile montrent qu’il y a près de 30 fois plus de retournements chez les dériveurs (catégorie incluant les catamarans de sport) que chez les habitables lestés. Les réflexes à acquérir sont donc distincts :

  • Catamaran : La priorité est de contrôler la puissance. On choque en premier lieu, on ne laisse jamais le bateau prendre un angle de gîte important.
  • Monocoque : La priorité est de contrôler la gîte. On utilise l’inclinaison comme un fusible et on joue avec la barre pour maintenir un angle constant et efficace.

En définitive, passer de l’un à l’autre demande plus qu’un simple ajustement : c’est un changement complet de paradigme dans la gestion des forces et de la sécurité.

À retenir

  • La dérive latérale n’est pas un défaut, mais la résultante physique inévitable de l’équilibre entre la poussée vélique et la portance hydrodynamique.
  • Le plan anti-dérive (quille, dérive, coque) fonctionne comme une aile dans l’eau, générant une force de portance qui s’oppose à la glissade latérale.
  • La maîtrise de la dérive passe par une triple approche : la mesure précise (électronique), le pilotage fin (barreur) et une conception optimisée (carène et appendices).

Les dérives, l’arme secrète des catamarans qui aiment le près

Face à leur handicap structurel au près, les concepteurs de catamarans de performance ont développé une solution redoutable : les dérives sabres. Contrairement aux ailerons fixes, courts et peu profonds, les dérives sabres sont de véritables appendices mobiles, longs et fins, qui plongent profondément dans l’eau. Elles transforment radicalement le comportement du multicoque en lui offrant un plan anti-dérive d’une efficacité comparable, voire supérieure, à celle d’une quille de monocoque.

L’avantage est double. Au près, les dérives sont descendues, offrant une surface maximale pour générer de la portance hydrodynamique et permettre au bateau de serrer le vent avec un angle de dérive très faible. Le catamaran peut alors exploiter sa puissance et sa légèreté pour atteindre des vitesses élevées tout en maintenant un excellent cap. Aux allures portantes (travers, largue, vent arrière), où le plan anti-dérive n’est plus nécessaire et devient un frein, les dérives peuvent être entièrement relevées dans leurs puits. Le catamaran retrouve alors sa caractéristique première : une surface mouillée minimale, synonyme de glisse et de très haute vitesse.

Dérive sous le vent basse par petit temps et remontée petit à petit quand la vitesse augmente

– Multicoques Mag, Faites un bon cap au près

Étude de cas : Réglage fin des dérives asymétriques

Sur les catamarans de performance, les dérives sont souvent asymétriques (avec un côté plat et un côté bombé) pour maximiser la portance. Le réglage devient alors un art. La règle de base est de descendre la dérive sous le vent (celle qui travaille en pression) pour remonter au vent, et de la remonter aux allures portantes. Mais le réglage fin est crucial : on ajuste la hauteur de la dérive en fonction de la force du vent et de la vitesse. Parfois, baisser légèrement la dérive au vent peut aussi aider à équilibrer le bateau. Le but est de constamment surveiller son COG sur le GPS et d’ajuster la hauteur des dérives pour trouver le réglage qui minimise la dérive et optimise le VMG.

Grâce à cette technologie, le catamaran moderne n’est plus un voilier cantonnée au portant. Pour en saisir tout le potentiel, il est crucial de comprendre le rôle de ses appendices haute performance.

Pour mettre en pratique ces principes, l’étape suivante consiste à analyser activement les données de votre propre bateau lors de votre prochaine sortie. Observez la différence entre votre cap et votre route, sentez la réaction du bateau à vos actions, et transformez votre compréhension de la physique de la dérive en un avantage tangible sur l’eau.

Rédigé par Antoine Renaud, Antoine Renaud est architecte naval, diplômé des plus grandes écoles françaises et passionné par l'hydrodynamisme des multicoques. Depuis 12 ans, il conçoit des catamarans alliant performance et innovation.